MORE UNDERSTANDING THAN A MAN - FLORE BENGUIGUI & THE SENSIBLE NOTES

Photo: More Understanding Than A Man - Flore Benguigui and the Sensible Notes (2025)

Avec More Understanding Than A Man, sorti le 17 octobre, l’ancienne chanteuse de « l’Impératrice » nous propose un nouvel horizon musical : Flore Benguigui and The Sensibles Notes. Après 9 ans de carrière comme compositrice, productrice et chanteuse du groupe L'Impératrice, et un an après l’avoir quitté, de la French Touch au Jazz, Flore Benguigui reprend tout à 0. Nouveau musiciens, nouvelles musiciennes, nouveaux instruments, nouveaux sentiments. 

Ce premier single est une reprise de Margo Guryan, pianiste et compositrice des années 1960 trop vite tombée dans l’oubli, et sonne comme la découverte d’un trésor effacé, en pleine renaissance. À travers des paroles pleines d’ironie, Flore Benguigui revisite la nostalgie du jazz pour en faire un lieu de dialogue, où la douceur devient une forme de révolte. 

“SEULE L’EAU EST PLUS FLUIDE QUE LE JAZZ”

À la première écoute, c’est un morceau qui semble se cacher, comme un murmure qui peine à se faire entendre. Mais plus on le laisse couler dans nos oreilles, plus ce silencieux son s’apprivoise. Flore Benguigui and The Sensibles Notes remettent en question les sentiers battus du genre musical, signé d’une subtilité et d’une insolence, qui prennent le pas sur la séduction pesante du jazz traditionnel. La chanteuse avec sa voix caressante, qu’on lui a souvent reproché, respire en rythme, et avec un peu de tendresse, nous guide dans une méditation susurrée sur notre rapport à la liberté, celle de créer et d’exister. 

On a dit du jazz qu’il était le sang de ceux qui lisent entre les lignes - ou plutôt qui écoutent les notes entre les temps. C’est le genre musical de ceux qui savent que l’équilibre n’existe pas vraiment, seulement le vertige de la chute. Flore Benguigui and The Sensibles Notes sont de ceux qui prônent le détour aux évidences et qui cherchent la liberté dans l’imprévu. Ce n’est pas pour rien que the « Sensible Notes » en Jazz, 7ème degré de la gamme, correspond au moment où l’oreille frissonne avant de trouver un accord réconfortant. 

« La note sensible en jazz ( … ) c’est une note de mouvement, de tension vers une résolution » 

Flore Benguigui sur Instagram (@florebenbeng) - Publication du 10 octobre 2025


Mais, si More Understanding Than A Man reste une substance jazz « digeste », il se distingue par sa grande liberté artistique. Ici, on ne s’enferme pas dans des cases. 

Le morceau est ouvert par les instruments traditionnels du jazz : une batterie qui mène le swing, une cymbale qui nous souffle dessus. Puis, rapidement, se fait entendre un léger chuchotement à l’arrière de la chanson. Les musiciens ont fait sonner un synthé, comme un dialogue entre la chanteuse et son instrument. Jazz et quelques touches d’électro nagent dans le même courant, et donnent même un fond presque « aquatique », « sous-marin », avec les sonorités liquides du Prophet 6, synthé typique des années 1970. 

On sent que tous les éléments se répondent, s’enrichissent et se donnent des notes à contredire, de la profondeur de la contrebasse jusqu’aux tintements cristallins produits en tapant sur des tasses de thé. 


ENTRE SONORITÉ ET SORORITÉ

Entre passé et présent, entre jazz et électro, comme un douloureux souvenir des années “Impératrice”. Car pour Flore, quitter “l’Impératrice”, c’était réinventer un univers , et surtout se réapproprier la musique comme une expérience joyeuse, amusante.  

Parce que si on dit du jazz qu’il est toujours à la verge du « too much » ou du « pas assez », il est le reflet d’un vécu commun pour les musiciennes. 

More understanding than a men raconte l’histoire d’une femme qui va se confier à la rivière, plutôt que de se raconter à un homme. Un geste anodin en apparence, peut-être un peu surjoué ou naïf, mais qui cache en réalité une vérité universelle. La rivière devient cette autre femme, une alliée silencieuse mais toujours en mouvement, incapable de juger ou d’interrompre. 

Et tout le projet de Flore Benguigui réside ici : une sororité comme un écho de voix porté par le courant, qui dépasse des limites imposées par la société. À l’écoute de ce morceau, on est nous même portés par ce mouvement de l’eau et par cette alliance intangible entre la femme et le fluide. 

Chaque note résonne alors comme un pont entre sonorité et sororité. Et au-delà du résultat final, on apprécie enfin un groupe en majorité féminine : Rozann Beziers au trombone, Aurélie Tropez à la clarinette, Jeanne Michard au saxophone et Julie Varlet à la trompette. Mais aussi une équipe son entièrement féminine, avec Jennifer Gros au mixage, Manon Genest à l'enregistrement, ou encore Marie Pierpzownik au mastering.

Finalement, More Understanding Than a Man serait bien une conversation entre notes qui, comme entre femmes, se comprend sans avoir besoin de mots.

Un Article d’Emma Veeravalli


SOURCES:

  • Projet photographique, Seule l’eau est plus fluide que le jazz, Festival de jazz, Nice, 2022

Précédent
Précédent

ETHEL CAIN À L’OLYMPIA: UNE MESSE DÉGUISÉE EN CONCERT

Suivant
Suivant

THE LIFE OF A SHOW GIRL - TAYLOR SWIFT